Le retour de nos trois chevaux dans leur pré à Fenouillet (et notre silence des dernières semaines) ne signifie pas que nous les délaissons. Au contraire, les observations et les soins continuent chaque jour.
La séance d’ostéopathie:
Le docteur Leloup est revenue pour un contrôle ostéopathique post-randonnée. Chez Vermeil, dont le trot était étriqué et qui ne voulait plus galoper, elle a trouvé un gros blocage de la septième vertèbre cervicale.
Chez Hévéa, qui n’avait aucun trouble locomoteur apparent, elle a agi sur les thoraciques une, trois et cinq. Quant à Fleur, elle n’a pas voulu se laisser examiner et le docteur Leloup a conclu qu’elle n’en avait pas besoin.
La boiterie de Vermeil:
La séance d’ostéopathie a été bénéfique à Vermeil, qui a retrouvé un trot plus souple en deux à trois jours. Par contre, en même temps, il a recommencé à boiter très légèrement du postérieur droit, celui qui lui avait posé problème dans la vallée de l’Ariège. Coïncidence ou rechute? Nous ne saurons sans doute jamais. Le fait est qu’il a de nouveau posé son pied en pince, avec une sensibilité anormale de la glome interne, à froid essentiellement. Au bout de 48 heures, un gonflement un peu douloureux est apparu au-dessus de la glome et dans le creux du paturon.
Nous pensions qu’un abcès allait percer, mais non ! Le gonflement s’est résorbé spontanément en quelques jours et la sensibilité est redevenue normale en une semaine (nous avons continué les petites promenades en main pendant ce temps). Six semaines après le retour, quand nous avons refait l’entretien des pieds, cette fourchette s’est intégralement décollée, signe de l’inflammation précédente. Vermeil n’a montré aucun inconfort suite à ce décollement.
La plaie d’Hévéa:
Le comblement de la plaie s’est très bien fait. Mais la suite de la cicatrisation pose problème. Comme souvent sur les membres, elle a tendance à former un chéloïde, c’est-à-dire qu’une production exubérante de tissu empêche le recouvrement épidermique. Nathalie a donc utilisé une pommade à base de corticoïdes pour inhiber la croissance du tissu sous-cutané. L’épiderme a commencé à recouvrir les marges de la plaie mais sa croissance a elle aussi été ralentie par les corticoïdes. Il a donc fallu jongler avec l’application intermittente de la pommade, voire l’utilisation d’acide (trichloracétique, par exemple) pour cautériser sélectivement le tissu exubérant sans léser l’épiderme naissant, comme cela se faisait il y a vingt ans. La plaie ainsi traitée quotidiennement a été gardée sous pansement jusqu’à mi-novembre à cause des nombreuses ronces dans le pré.
Un changement de pâture a permis de laisser le boulet à l’air. La plaie a formé une croûte propre mais la cicatrisation stagne quand même.
Nous confirmons en tout cas qu’Hévéa n’est absolument pas gênée par cette plaie: aucune boiterie, aucune douleur.
Vermifuge
Quelques jours après le retour, comme déjà signalé dans Atterrissage Nathalie avait fait des coproscopies sur les trois chevaux, par flottation directe d’un gramme de crottin. C’est Vermeil qui avait montré le plus bas score avec seulement 17 œufs de strongles. Or il a recommencé à évacuer de grandes quantités de strongles adultes, remettant en question l’efficacité de la technique utilisée. Renseignements pris dans les livres de parasitologie, Nathalie a investi dans une cellule de McMaster (une autre méthode de flottation qui utilise 5g ou 10g de crottin) et refait les coproscopies.
Résultats:
Vermeil : 1000 œufs/g + un œuf de ténia
Fleur : 825 œufs/g
Hévéa : 1500 œufs/g + un ténia, ce qui est plus concordant avec les observations cliniques!
Clairement la première technique n’était pas adaptée, même si certains vétérinaires l’utilisent (par contre, elle convient très bien pour les coproscopies des carnivores).
Nous avons donc vermifugé tout le monde, le 24 octobre, avec Equest PramoxND : mélange de praziquantel contre les ténias, et de moxidectine (moins toxique pour l’environnement que l’ivermectine) contre les strongles.
Bilan Sanguin
Le 23 octobre une prise de sang a été faite sur Hévéa et Vermeil, qui avaient plus maigri que Fleur pendant la randonnée. Les deux ont montré une légère éosinophilie (augmentation de la quantité des globules blancs associés au parasitisme et aux phénomènes allergiques) et une légère anémie (10,2g/dl et 10,1g/dl d’hémoglobine =Hb, la normale étant supérieure à 11), ainsi qu’une élévation modérée de la GLDH, marqueur de souffrance hépatique. Ces trois anomalies sont potentiellement des conséquences du parasitisme digestif. Cependant nous avons testé aussi Uristo et Uline, les deux chevaux des filles de Nathalie, qui vivent habituellement avec les nôtres: malgré un parasitisme comparable (respectivement 1325 œufs/g, et 1400 œufs/g + un ténia), ils ne présentaient ni éosinophilie, ni anémie. Donc, l’effort physique de la randonnée, une carence alimentaire ou une pathologie type douve du foie a pu intervenir aussi pour Vermeil et Hévéa.
Suivi des anomalies: le 1 novembre, l’éosinophilie avait disparu, Hévéa était remontée à 11,9g/dl d’Hb mais Vermeil n’était encore qu’à 10,7g/dl d’Hb. Le 22 novembre il avait enfin atteint 11,8g/dl d’Hb. Les valeurs hépatiques n’ont pas encore été recontrôlées et le seront bientôt, mais nous sommes confiants étant donnée la bonne forme physique qu’ils ont reprise.
Et Fleur?
Fleur va très bien. Une prise de sang comparative a été faite le 1 novembre: pas d’anémie (12,3g/dl d’Hb) mais une légère éosinophilie malgré le vermifuge du 24 octobre. Une coproscopie de contrôle réalisée le 6 décembre a mis en évidence une infestation résiduelle très faible : 100 œufs/gramme.
3 Responses
Un vrai apprentissage medical pour les novices… Vous prenez grand soin de vos chevaux, cela fait plaisir à lire, Mon amitié à tous les deux, Bises
Merci à vous deux, Tim et Nathalie, pour nous avoir fait partager cette aventure avec autant de régularité et de constance. Quel bonheur d’avoir ainsi pendant des semaines de vos nouvelles en arrivant le matin au travail. C’était comme un rayon de soleil revigorant, je pouvais sentir les ondulations du dos de mon cheval entre mes jambes et la fraîcheur de la brise ou de la pluie sur ma peau. Merci pour les photos, les émotions, et la tendresse que vous accordez à vos chevaux.
Bises hennissantes,
Marc.
Des anges avec beaucoup de connaissances et un grand coeur