500 Kilomètres à cheval pieds nus

…les aventures de randonnée en France

Debriefing, suites et fins

Debriefing

Pourquoi un tel emportement chez nos chevaux normalement si calmes? Une bonne partie de la réponse réside dans la compostition inhabituelle du groupe. Verlan, bien que connu des deux autres, avait quitté le troupeau il y a plusieurs années. Sa réintroduction n’a pas permis de retrouver l’entente et la quiétude initiales et a provoqué chez tous un état de stress permanent. Ceci s’est manifesté entre autres lorsque nous sommes passés devant un petit groupe de poneys et d’ânes le matin même à Saint-Amans : Vermeil, au lieu de la parade « arabe » habituelle, cherchait la fuite, ce qui a inquiété Fleur. Il faut dire que c’est Nathalie qui tenait Verlan en longe, et donc Vermeil avait constamment son demi-frère derrière les fesses, celui-là même qui le chassait toutes les nuits. Curieusement, Verlan en longe n’attaquait plus et se comportait très bien. Mais le sentiment de menace persistait pour Vermeil. Le manque de cohésion du groupe a sans doute joué aussi dans la séparation des chevaux lors de leur échappée.

Pourquoi ont-ils galopé aussi longtemps? Normalement quand ils ont peur ou qu’un cavalier tombe, ils ne parcourent que quelques mètres et s’arrêtent pour brouter. Ici, la distance de fuite a été augmentée par la panique et l’excitation mutuelle, mais il semblerait que des voitures soient arrivées derrière eux assez rapidement et les aient suivis de près sur plusieurs kilomètres. Même s’ils n’ont pas peur des véhicules en temps normal, ils se sont probablement sentis « poussés ». Si les voitures étaient restées à distance ou les avaient doublés, il est probable qu’ils se seraient calmés plus tôt. D’ailleurs quand un des automobilistes a eu la présence d’esprit de doubler les voitures qui le précédaient et les deux fugitifs et leur a barré la route, ceux-ci n’ont fait aucune difficulté pour s’arrêter.

Pourquoi personne n’a-t-il prévenu la gendarmerie? C’est pourtant un réflexe courant chez nous à Fenouillet, où il arrive que des chevaux du village s’échappent. Mais dans la campagne de Castelnau-Montratier, l’idée de faire appel à eux semble incongrue voire suspecte. Pourtant ils peuvent participer aux recherches, centraliser les informations, coordonner les intervenants, sécuriser si besoin. Nous avons donc, peu après notre retour, fait publier dans deux journaux locaux un récit de notre mésaventure incitant les lecteurs à prévenir les forces de l’ordre ou les pompiers lorsqu’ils sont témoins d’un incident, quel qu’il soit. Et à ne pas s’arrêter à l’idée que d’autres ont sûrement déjà donné l’alerte !

Aurait-on pu éviter cet incident?

Probablement pas. Le fil de clôture était indétectable dans l’herbe; quand nous l’avons vu, il était déjà trop tard. Si Nathalie était restée en selle, elle aurait peut-être fini par arrêter Vermeil, et les autres se seraient arrêtés aussi; mais il était impossible de deviner qu’ils allaient tourner dans le pré au lieu de suivre Fleur à travers le fossé. Et suivre Fleur était suicidaire.Par contre, la leçon pour nous est de ne pas perturber le troupeau par un nouveau venu. Une expérience un peu similaire nous était arrivée l’été dernier à l’occasion d’une petite randonnée entre Fenouillet et Rabastens: nous étions partis avec Amélie et Manon et les cinq chevaux, et avions été rejoints par une amie et son cheval Bucéphale, au niveau de la forêt de Buzet. Le premier kilomètre en commun s’était bien passé, mais la rencontre entre Bucéphale et Uristo avait vite tourné au conflit : Bucéphale voulait rejoindre les autres, Uristo s’interposait entre l’intrus et son troupeau, Uline était tombée en chaleur ( comme d’hab ! ), Fleur voulait jouer la conciliatrice, et Vermeil était terrorisé de marcher avec cet inconnu derrière lui… Nous ne pensions pas que l’histoire se répèterait, Verlan n’étant pas un inconnu. Il est intéressant de noter qu’Uristo vient de rejoindre le troupeau de Verlan dans le Lot pour les vacances, et que tout se passe bien ! Ah, la psychologie chevaline…

Que peut-on améliorer dans notre organisation ?

Cette histoire confirme qu’il y a des éléments essentiels à garder sur nous, et non dans les paquetages des chevaux : téléphone portable, porte-monnaie et cartes bancaires, papiers d’identité, clefs, GPS et/ou carte.
Par contre, il ne paraît pas inutile d’investir dans un traceur GPS a laisser sur (au moins) un des chevaux lors des prochaines randonnées.
Notre système de fixation de la bâche sur le bât s’est révélé trop solide (!), le sanglon de la selle a été arraché. Il nous faut le recoudre avant de repartir et trouver une alternative.
Nous essayons aussi d’apprendre à nos chevaux à revenir / rester près de nous quand nous mettons pied à terre / tombons, comme le font traditionnellement les cavaliers du désert.

Suites

La cicatrisation des pieds de Fleur a pris quelques semaines. Il a fallu des soins antiseptiques quotidiens et des hipposandales comme pansement protecteur les premiers jours, mais elle a parfaitement récupéré : les plaies se sont refermées, la corne a repoussé et Fleur a progressivement repris le trot et le galop.
Une séance d’ostéopathie offerte par Laurence Leloup a mis en évidence et soigné les répercussions émotionnelles (peur). Une deuxième séance, un mois après, n’a pas retrouvé cette peur mais une chaîne de tensions entre l’épaule gauche et la hanche droite.
Les mêmes séances chez Vermeil n’ont montré aucune conséquence.

Fins

Une aventure est finie, une autre se profile

Le Circuit du Tarn n’est pas tombé aux oubliettes ! L’été n’étant pas la meilleure saison pour randonner nous avons reporté notre projet à…mi-septembre. Dans trois semaines, Nathalie ferme le cabinet, nous achevons les préparatifs, et en selle pour cinq semaines. L’itinéraire est déjà prêt, et cette fois-ci, confinement ou pas, nous partons. Nous avons cependant pris la précaution de vérifier auprès de notre assureur que le non-respect d’un confinement n’invalidait pas la couverture de notre responsabilité civile en cas d’accident…

cartes du Tarn

Une autre histoire est finie

Le report de la randonnée tarnaise a sûrement été une bonne chose pour Hévéa. Après son traitement antibiotique d’avril, l’anémie a complètement disparu et elle a retrouvé la forme et les balades – mais pas les rondeurs. En juillet Nathalie l’a trouvée raide et poussive. Pensant à un problème d’arthrose des injections d’Ara3000 bétaND ont été commencées. Le 22 juillet Hévéa s’isolait et titubait; une perfusion (10 litres) l’a améliorée mais l’analyse du sang a montré une grosse rechute de l’anémie. Supposant une résurgence parasitaire un traitement au CarbesiaND a été tenté, assorti d’une deuxième perfusion. Mais l’état d’Hévéa s’est dégradé: épuisement, désorientation, et malgré un appétit conservé, elle est morte dans la nuit du 24 au 25 juillet. Le complément des analyses de sang a discrédité l’hypothèse d’un réveil parasitaire (PCR négatives) mais prouvé l’atteinte hépatique. Intoxication chronique par le Séneçon? Métastases tumorales (nombreux petits nodules probablement mélaniques sur la péritoine à la palpation transrectale)? Problème beaucoup plus ancien? Nous ne saurons jamais, mais, petite consolation, Hévéa est morte calmement.

Et elle a eu une belle vie.

Et maintenant…

Manon, sachant qu’il ne serait pas facile de randonner en autonomie sans cheval de bât, nous a gentiment proposé de prendre Uline, sa jument, qu’elle ne monte presque plus depuis qu’elle fait ses études en Espagne. Depuis le départ d’Uristo dans le Lot, nous testons et entraînons ce nouveau trio Fleur/Uline/Vermeil, qui semble bien fonctionner. Espérons que l’effet apaisant d’Hévéa ne fera pas défaut!

Rendez-vous sur le blog dans trois semaines!!!

4 Responses

    1. Pour moi qui ne connait rien au monde equin, le blog est passionant et j’en apprends chaque fois un petit peu…
      A Septembre pour de nouvelles aventures!
      Claire

  1. Que cette future escapade tant attendue vous apporte tout l’oxygène dont vous avez besoin, revenez ressourcés !!!!
    Clarisse et Pablo

  2. Merci pour ces infos et suites. A mi septembre pour les nouvelles aventures. Anne-Valérie

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