Le voyage est fini
pour vous comme pour nous; désolés
Des nouvelles des blessés
Vermeil
Il n’a eu aucune conséquence physique de ses mésaventures. Par contre, il s’est montré distant pendant deux jours, restant derrière les autres dans le pré et refusant de se laisser toucher la tête. Depuis il a «repris contact» sauf pour ce qui est de se frotter la tête sur nous, ce qu’il faisait exagérément auparavant. C’est plutôt mieux donc, mais ça nous manque presque.
Uline
Elle va très bien. Les coliques sont terminées (déjà le dernier soir de la randonnée). Les plaies de sanglage sont à peine visibles à présent, et la conjonctivite a disparu en 48 heures, que la pommade antibiotique y soit pour quelque chose ou non. En effet, nous avons remarqué que le licol avait tendance à tourner sur la tête quand on tire sur le côté et il est possible qu’il vienne toucher l’œil occasionnellement.
Fleur
Le genou était bien gonflé le lendemain de l’accident et elle boitait légèrement, mais tout ça est rentré dans l’ordre après quelques jours. Le pansement sur la blessure est changé deux fois par jour, alternant miel, antibiotique et corticoïde en pommades selon le bourgeonnement de la plaie. Celle-ci évolue bien, la peau commence à recouvrir la chair sur les bords. Son envie de sortir à chacune de nos visites est intacte.
Tim
Probablement le plus embêté de tous; la coupure cicatrise en mode qui va piano va sano, mais le pied et la cheville restent enflés. Sans être douloureux c’est inconfortable. Le bleu des hématomes est parti via les orteils, mais l’œdème persiste. Vivent les cannes anglaises (et la boîte automatique dans la voiture!).
What went wrong?*
*Qu’est-ce qui a foiré?
Il est habituel de tenir le cheval de bât de la main droite pour des raisons de sécurité: cela évite, lorsqu’on emprunte une route, qu’il aille au milieu de la chaussée. La difficulté consiste à adapter la longueur de corde qu’on lui laisse: tenue trop courte, il est gêné pour le repérage et le franchissement des obstacles; trop longue, il aura trop de latitude de mouvement, risquant de contourner le cheval du meneur ou de marcher sur la longe. En fait, le meneur doit constamment ajuster cette longueur selon la situation.
En l’occurrence, si la corde avait été raccourcie davantage à l’approche des vaches, Vermeil n’aurait pas pu se faufiler derrière Fleur – au risque que la dite corde se coince sous la queue de la jument et provoque des brûlures, comme cela était déjà arrivé, ce qui a incité Tim à tout lâcher. Par contre il aurait peut-être foncé vers l’avant et il n’est pas dit que Tim aurait pu le tenir…
De l’énervement de la troupe
Lors de la fuite des chevaux au printemps (Rando Lot 2021) nous avions attribué leur haut niveau de stress à la présence perturbatrice de Verlan. Sans nier son effet il nous semble à présent qu’il faut aussi tenir compte de l’absence d’Hévéa. Doyenne du troupeau et réassurance maternelle pour Vermeil, elle avait un effet apaisant indéniable sur le groupe entier. Un premier indice nous en avait été donné à la première pause méridienne le long du canal en avril: Vermeil avait rapidement décidé de rentrer tout seul au bercail, ce qu’il n’avait jamais fait en présence d’Hévéa.
Cette fois-ci aussi Vermeil a régulièrement fait mine de s’éloigner lors des haltes. Il s’est montré souvent inquiet, et son insistance à se frotter la tête sur nous ou sur les juments était probablement une façon de se rassurer. Fleur était agitée elle aussi, en particulier quand il y avait du vent ou que la pluie menaçait. Elle était sans doute aussi frustrée de devoir rester au pas (chemins glissants et Uline «en panne»). Stress provoque stress…et le calme d’Uline n’a pas suffi à faire retomber la pression chez les deux autres.
Notre propre énervement ne doit pas être occulté: le mauvais temps agit sur l’humeur de tout le monde, et la «bagarre» prolongée avec les chevaux contrariés épuise et agace. Cercle vicieux…
L’une des difficultés de la randonnée est de trouver un lieu adapté pour chaque halte. Il y faut de l’herbe en quantité suffisante – et non toxique –, de l’eau à proximité (sauf s’il pleut beaucoup, auquel cas l’eau ingérée en broutant suffit aux chevaux), et si possible un coupe-vent (haie, mur etc…). Problème: ce genre d’endroit se trouve préférentiellement en fond de combe, ce que les chevaux détestent parce qu’il leur manque la sécurité d’un lieu ouvert où la vue porte loin. Un quatrième critère pas toujours possible à intégrer dans notre recherche et qui peut parfois expliquer l’agitation de nos montures.
De l’éducation défaillante
des chevaux
L’absence d’Hévéa révèle le manque de dressage de Vermeil: Nathalie l’a débourré, mais ne l’a jamais vraiment travaillé. Auparavant il suivait docilement sa mère; à présent il lui manque un repère. Par ailleurs il n’a pas l’habitude d’être séparé des autres puisque nous les sortons toujours ensemble (plus exactement seule Fleur connaît les sorties solitaires avec Tim, et ce depuis des années). Enfin, nos promenades à pied avec eux sont toujours dans un cadre de détente: à trop rechercher leur bien-être et leur plaisir, nous en avons oublié la nécessité de leur fournir un «cadre», d’entretenir nos positions de «leaders».
Depuis le retour à Fenouillet, Nathalie a entrepris la (ré)éducation de Vermeil (et d’Uline): sorties à pied avec un seul cheval, avec interdiction pour lui de dépasser l’humain – adapté des principes de Klaus Ferdinand Hempfling* – sans s’énerver et sans brusquer le cheval afin de retrouver la confiance réciproque. En quatre séances le résultat est déjà remarquable! Nathalie projette aussi de faire des séances au centre équestre de Fenouillet pour placer le cheval dans un environnement différent et l’habituer à côtoyer des chevaux inconnus. Elle envisage enfin de suivre l’exemple de notre amie Carole qui fait du tri de bétail avec Bucéphale: cela permettrait de désensibiliser complètement Vermeil aux vaches.
Tim de son côté reconnaît être tendu et manquer de calme depuis un certain temps – conséquence de la situation politique? Travailler un cheval, c’est d’abord travailler sur soi…
Les chevaux aiment-ils la rando?
Bien qu’aimant manifestement sortir de leur pré, Hévéa et maintenant Vermeil ont montré clairement leur désir de rentrer «chez eux» assez rapidement. Une petite balade, volontiers, mais pas plus! Fleur par contre a toujours semblé volontaire pour aller plus loin et ne jamais s’arrêter.
Les études sur les chevaux féraux (=retournés à la vie sauvage, comme les chats harets; rien à voir avec les fers!) montrent qu’ils sont territoriaux et non migrateurs. Ils parcourent entre dix et vingt kilomètres par jour pour se nourrir, boire, s’abriter des intempéries. Même les Brumbies australiens des régions les plus inhospitalières, pour lesquels les distances à parcourir sont beaucoup plus longues, restent sur leur pauvre territoire, sans chercher de zone plus favorable. Les ânes sauvages non plus ne sont pas migrateurs et habitent des territoires d’environ 20km². Par contre, les zèbres migrent – certaines espèces parcourant jusqu’à 500km, la plus longue distance de migration de mammifères en Afrique – s’appuyant sur une mémoire collective des points d’eau (Fleur serait-elle un zèbre???).
Il est donc probable que, comme chez les humains, il y ait des tempéraments différents chez les chevaux, certains étant plutôt casaniers et d’autres plus aventureux. Uline semble accepter assez docilement ce qui lui est proposé; Uristo montre un esprit assez proche de celui de Fleur.
Probablement le besoin de sécurité influe beaucoup sur la perception positive ou négative que nos chevaux ont des activités que nous proposons. À ce titre le choix des lieux de halte évoqué plus haut conditionne leur ressenti.
Un mal pour un bien?
Uristo était avec son frère Verlan dans le Lot depuis mi-août. Dimanche – six jours après notre retour – il a été ramené dans le troupeau, mais ce n’est pas par plaisir. Il est malade, a priori comme Hévéa en février: anémie d’origine parasitaire, encore en cours d’évaluation. Les injections quotidiennes d’oxytétracycline, commencées mardi, semblent efficaces, mais il lui faudra aussi du Carbésia (sérologie Theileria positive). Chez lui aussi le foie est touché; espérons que l’histoire ne se répétera pas à l’identique…
En tout cas, heureusement que nous étions rentrés et que nous avons pu le prendre en charge car, depuis la fin des vacances, il n’y a plus personne pour s’occuper d’un cheval malade à Rigal.
MERCI encore à:
- Manon pour nous avoir proposé de prendre sa jument Uline
- Sophie pour s’être occupée des chats et de la maison
- Anne pour les piquets de la clôture (au fait: le «Scotch gris», comme isolant électrique, ça fonctionne, pourvu d’en mettre suffisamment!)
- Denis pour le rapatriement de Tim
- Vous tous pour votre intérêt vis-à-vis de nos aventures et vos commentaires amicaux.
4 Responses
En lisant ces articles, on voyage avec vous…
Merci pour ce partage
Coucou, vous lire est passionnant mais il me tarde pour vous que vous puissiez enfin profiter pleinement dune randonnée sans aléa climatiques et traumatismes pour vous ou les chevaux! Reposez vous bien et que Tim .surveille son pied en effet c’est pas joli…. bizzz
Merci pour ces recits et photos…sur les chemins du Lot(que j’affectionne) ou du Tarn .Bon rétablissement à tous…
Oui quelques jours de randos qui ne vous ont pas vraiment laissé de répit, j’aime vos articles, très réaliste en tout point, on vit l’aventure avec vous ! Nul doute que celle ci va se poursuivre 😊 je reviendrai m’occuper de Moïse et Amande avec plaisir 😉 des bises et surtout un bon rétablissement à Tim, il faut surveiller ce pied de près !